Avertissement !

Je ne peux pas assurer que l'ensemble des pratiques que j'expose dans ce blog ont encore cours en 2008. S'il n'y a aucune raison que les choses soient radicalement différentes aujourd'hui, il est possible que les pathologies, les additifs et les modes d'élevage aient évolué depuis la fin de mon activité.

lundi 24 novembre 2008

Sud-Ouest 30/06/2004







Le vétérinaire « justicier » devant le tribunal

BERGERAC. Une entreprise de foie gras a attaqué l'inspecteur pour avoir livré des informations secrètes à un journaliste

« Foie gras : des couacs dans le canard. » L'enquête rédigée sous ce titre par Fanny Guibert dans la revue « 60 millions de consommateurs », en novembre 2002, a fait bondir l'entreprise sarladaise, Rougié Bizac International, poids lourd français de la production de foie gras. La société était mise en cause au sujet d'une importation de 5 tonnes de foie gras de Bulgarie, présentant une litanie d'anomalies : « abcès », « couleur anormale » ou « liaisons de fibrose saigneuses », d'après une inspection effectuée le 15 mai 2002.

Hier, devant le tribunal correctionnel de Bergerac, l'auteur de l'inspection, Alain Labeille, comparaissait pour violation du secret professionnel, et la journaliste pour recel d'informations. L'inspecteur vétérinaire, qui prend sa retraite aujourd'hui, a retourné l'accusation. « Il fallait stopper une importation frauduleuse et plus généralement mettre de l'ordre dans la filière foie gras. Elle est en train de se dévoyer ! »

D'après Alain Labeille, les services vétérinaires ne parvenaient pas à faire appliquer la loi. Cette affaire aurait été « la goutte d'eau » de trop : un lot de 1 732 tonnes qu'il avait consigné en attendant une expertise plus fine serait parti à la transformation. « Cela aurait pu faire l'objet d'une autre procédure », observe la présidente. « Ce refus de consigne était une première. La guérilla avec cette entreprise dure depuis trois ans. »

« Toxiques et corrompus ». Il reconnaît avoir violé le serment professionnel, tout en soulignant que l'administration a continué à faire appel à lui pour la formation de ses pairs. Fanny Guibert, elle, refuse de trahir sa source. « J'ai rencontré beaucoup de gens, je suis payée pour recouper les informations », lance-t-elle, mentionnant un document alarmant de la Direction générale de la consommation et la répression des fraudes au sujet des blocs de foie gras, l'été 2002.

L'avocate de Rougié souligne que le foie gras bulgare a été importé de manière légale. « M. Labeille dépeint ces foies gras comme "toxiques et corrompus". Or, une analyse du 2 juillet a montré que les foies étaient conformes. » On apprend au passage que la procédure initiale a été classée sans suite. Rougié met en avant ses efforts en matière de contrôle et le préjudice d'autant plus important que l'affaire est sortie juste avant les fêtes. L'avocate estime à 1 million d'euros les pertes, mais demande 1 euro de dommages et intérêts, plus un total de 55 972 euros de frais liés à la gestion de la crise. La procureur demande 3 000 euros d'amende pour chacun des prévenus. Le délibéré sera rendu le 27 juillet.

Philippe Ménard

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